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STABAT MATER SPECIOSA

Le Stabat Mater Speciosa est une séquence attribuée au franciscain Jacopone da Todi († 1306). Moins connue que le Stabat Mater Dolorosa, elle contemple la beauté et la joie de Marie devant son nouveau-né reposant dans la crèche.

Latin

Français

Stabat Mater speciosa,
Iuxta foenum gaudiosa,
Dum iacebat parvulus.

Cuius animam gaudentem,
Laetabundam et ferventem,
Pertransivit iubilus.

O quam laeta et beata,
Fuit illa immaculata,
Mater Unigeniti !

Quae gaudebat et ridebat,
Exultabat cum videbat
Nati partum incliti.

Quis est qui non gauderet,
Christi Matrem si videret,
In tanto solacio ?

Quis non posset collaetari,
Piam Matrem contemplari
Ludentem cum Filio ?

Pro peccatis suae gentis,
Vidit Iesum cum iumentis,
Et algori subditum.

Vidit suum dulcem natum
Vagientum adoratum,
Vili diversorio.

Nati Christus in praesepe,
Coeli cives canunt laete,
Cum immenso gaudio.

Stabat senex cum puella,
Non cum verbo nec loquela,
Stupescentes cordibus.

Eia Mater, fons amoris,
Me sentire vim ardoris
Fac, ut tecum sentiam.

Fac, ut ardeat cor meum,
In amando Christum Deum,
Ut sibi complaceam.

Sancta Mater, istud agas,
Pone nostro ducas plagas
Cordi fixas valide.

Tui nati coelo lapsi,
Iam dignati foeno nasci,
Poenas mecum divide.

Fac me tecum congaudere,
Iesulino cohaerere,
Donec ego vixero.

In me sistat ardor tui,
Puerino fac me frui,
Dum sum in exilio.

Hunc ardorem fac communem,
Ne me facias immunem
Ab hoc desiderio.

Virgo virginum praeclara,
Mihi iam non sis amara,
Fac me parvum rapere.

Fac ut portem pulchrum fortem,
Qui nascendo vicit mortem,
Volens vitam tradere.

Fac me tecum satiari,
Nato tuo inebriari,
Stans inter tripudia.

Inflammatus et accensus,
Obstupescit omnis sensus,
Tali de commercio.

Fac me nato custodiri,
Verbo Christi praemuniri,
Conservari gratia.

Quando corpus morietur,
Fac ut animae donetur
Tui nati visio.

Amen !

Elle était debout, la Mère si belle,
Près du foin, joyeuse,
Tandis que reposait le nouveau-né.

Son âme joyeuse,
Réjouie et fervente,
Une jubilation la transperça.

Qu’elle était réjouie et bienheureuse,
Cette femme immaculée,
Mère du Fils unique !

Elle était dans la joie et les rires,
Elle exultait en voyant
La naissance du merveilleux enfant.

Qui ne serait dans la joie
S’il voyait la Mère du Christ
Dans un tel soulagement ?

Qui ne pourrait se réjouir avec elle
En contemplant la tendre Mère
Jouer avec son Fils ?

Pour les péchés de sa gent,
Elle a vu Jésus parmi les bêtes de somme
Et soumis au froid.

Elle a vu sa douce progéniture
Adorée, vagissant,
Dans une vile hôtellerie.

Pour le Christ nouveau-né dans sa crèche,
Les citoyens du Ciel chantent gaiement
Avec une immense joie.

Le vieillard se tenait avec la jeune fille
Sans mot dire, sans parole,
Leurs cœurs stupéfaits.

Ô Mère, source d’amour,
Fais-moi sentir la force de ton ardeur,
Pour que je la sente avec toi.

Fais que mon cœur soit ardent
En aimant le Christ Dieu,
Pour que je lui plaise avec toi.

Sainte Mère, fais ceci :
Mets tes profondes plaies [d’amour]
En notre cœur, fortement fixées.

De ton enfant tombé du Ciel,
Qui a daigné naître dans du foin,
Partage avec moi les peines.

Fais-moi me réjouir avec toi,
M’attacher avec toi au petit Jésus
Aussi longtemps que je vivrai.

Que ton ardeur m’emplisse,
Fais-moi profiter du petit enfant,
Tant que je suis en exil.

Fais que je communie à cette ardeur,
Fais que je ne sois pas exempt
de ce désir.

Vierge des vierges resplendissante,
Ne sois donc pas amère envers moi,
Fais-moi prendre l’enfant.

Fais que je porte la belle force
De celui qui, en naissant, vainct la mort,
Voulant livrer la vie.

Fais-moi avec toi être rassasié,
Être enivré de ton nouveau-né,
Sous de bons auspices.

Enflammée et embrasée,
Toute intelligence se tait,
De par une telle compagnie.

Fais que je sois gardé par le nouveau-né,
Fortifié par la Parole du Christ,
Protégé par la Grâce.

Quand mon corps mourra,
Fais qu’à mon âme soit donnée
La vision de ton nouveau-né.

Amen !