LE SENS CHRÉTIEN DE LA SOUFFRANCE HUMAINE (1)
LECTURE DE LA LETTRE APOSTOLIQUE SALVIFICI DOLORIS (11 février 1984)
DU PAPE JEAN-PAUL II

 

 

Introduction

 

Pourquoi revenir sur une lettre apostolique écrite il y a tant d'années ? La réponse à cette question tient au thème même abordé par la lettre – la souffrance humaine – et elle est donnée par Jean-Paul II dans son introduction. Voici ce que disait le Pape : « Le thème de la souffrance [...] est un thème universel qui accompagne l'homme sous toutes les longitudes et toutes les latitudes : [...] il exige donc d'être constamment repris. [...] Puisqu'au cours de sa vie terrestre, l'homme marche d'une façon ou de l'autre sur le chemin de la souffrance, l'Église devrait en tout temps [...] rencontrer l'homme précisément sur ce chemin » (n° 2 et 3). L'universalité, tant spatiale que tempo­relle, de la souffrance humaine est donc la principale raison qui met l'Église en devoir, qui nous met en devoir, de scruter toujours davantage ce mystère et d'en faire une « route de l'Église », « l'une des plus importantes » (n° 3), comme n'hésitait pas à la qualifier Jean-Paul II.

 

Ce respectable souci de la souffrance, l'Église le porte bien sûr au nom de la nature humaine, « comme un besoin profond du cœur » (n° 4 ; cf. Gaudium et spes, n° 1), mais aussi comme un im­pératif de sa foi, à tel point que le Pape va jusqu'à parler d'un « Évangile de la souffrance », et par là il entend « non seulement la présence de la souffrance dans l'Évangile comme l'un des thèmes de la Bonne Nouvelle, mais également la révélation de la force salvifique et du sens salvifique de la souf­france dans la mission messianique du Christ et, ensuite, dans la mission et la vocation de l'Église » (n° 25). Depuis la Croix du Christ, souffrance et salut sont liés. Parce qu'elle « naît du mystère de la Rédemption dans la Croix du Christ » (n° 3), l'Église est d'autant plus autorisée à parler de la souf­france, et elle a pour mission d'en révéler à l'homme la valeur salvifique quand elle est offerte en union avec celle du Christ en Croix.

 

Notre lecture de la lettre Salvifici doloris en suivra simplement les grandes articulations :

 

  • Le monde de la souffrance humaine.

  • La recherche de la réponse à la question du sens de la souffrance.

  • Jésus-Christ : la souffrance vaincue par l'amour.

  • Participants de la souffrance du Christ.

  • L'Évangile de la souffrance.

  • Le bon Samaritain.

Notons d'emblée la citation scripturaire tirée de la lettre de S. Paul aux Colossiens qui ouvre et sous-tend la lettre, et que Jean-Paul II présentait comme ayant « presque la valeur d'une découverte définitive » (n° 1) sur le sens de la souffrance, à tel point que la joie n'est alors plus incompatible avec la souffrance : « En ce moment, écrit S. Paul, je trouve ma joie dans les souffrances que j'en­dure pour vous, et je complète en ma chair ce qui manque aux épreuves du Christ pour son Corps, qui est l'Église » (Col 1, 24).