COMMENTAIRE DU PSAUME 25


Introduction

 

Les psaumes 25 à 34 forment une unité construite en chiasme. Les psaumes 25 et 34 qui encadrent l'ensemble sont tous deux des psaumes alphabétiques qui portent un distique final en dehors de la structure alphabétique et qui demande la libération d'Israël (Ps 25, 22) ou des serviteurs de yhwh (Ps 34, 23) avec le même verbe. Dans cet ensemble, les supplications correspondent aux actions de grâce. En son centre, le psaume 29 comporte une sublime exhortation à rendre gloire à Dieu et magnifie son éclatante puissance.

 

Le psaume 25 est une supplication d'un fidèle du Seigneur qui a péché, subit en punition l'attaque d'ennemis et dont le péril le rend conscient de l'abandon de Dieu ainsi que de la gravité de sa défaillance. Ce psaume est le deuxième poème alphabétique du Psautier (cf. Ps 9-10). Chacun de ses distiques commence par une lettre hébraïque nouvelle en suivant l'ordre de l'alphabet, sauf le verset 22 qui est une sorte d'envoi liturgique.

 

La structure alphabétique du psaume 25 est incomplète : manquent les lettres bêt, waw et qoph. Les versets 1 et 2 commencent tous les deux par un aleph à moins de joindre le « Mon Dieu » initial du verset 2 à la fin du verset 1 ; au verset 5, avec quelques manuscrits hébreux, la LXX et la Syr, on peut lire un waw devant « je t'ai espéré » ; les versets 18 et 19 commencent tous les deux par un rêsh, mais un qoph pourrait être ajouté au début du verset en lisant « rencontrer », qr'h, au lieu de « voir », r'h.

 

Commentaire

 

A) Recours confiant au Seigneur

 

1 Psaume. De David.

Aleph Vers toi, Seigneur, j'élève mon âme,
2
ô mon Dieu.
Beth
En toi je me confie, que je n'aie point honte,
que mes ennemis ne se rient de moi !
Gimel
3 Pour qui espère en toi, point de honte,
mais honte à qui trahit sans raison [pour le néant].

 

Recours au Seigneur d'un homme que dominent dangereusement des adversaires. Le psalmiste fait état de son attachement au Seigneur. Il dira aux versets 6 et 7 subir un punition. Le verset 3 exprime une vérité universelle, une sentence générale admise par tout le monde. Cette croyance appartient à la doctrine religieuse commune et elle s'appuie sur l'expérience vécue. Pour le néant : divinité autre que le Seigneur ; donc honte à l'apostat, à celui qui abandonne l'Alliance. Le thème de la honte est présent ici et à la fin du psaume, au verset 20.

 

Daleth 4 Fais-moi connaître, Seigneur, tes voies,
enseigne-moi tes sentiers.
He
5 Dirige-moi dans ta vérité, enseigne-moi,
c'est toi le Dieu de mon salut.
Vau
En toi tout le jour j'espère
à cause de ta bonté, Seigneur.

 

Demande d'une plus grande intelligence et d'une plus grande docilité à l'égard de la Loi divine pour qu'à l'avenir il ne se laisse plus entraîner au péché. Grande humilité du psalmiste qui sait que Dieu seul est Saint et peut rendre saint. Il reconnaît que sans lui il ne peut rien faire et il s'appuie sur Sa Bonté pour le sauver. La fidélité à l'Alliance est une grâce. Au Ps 119, 29b, le psalmiste dira : « Fais-moi la grâce de ta Loi ».

Zain 6 Souviens-toi de ta tendresse, Seigneur,
de ton amour, car ils sont de toujours.
Heth
7 Ne te souviens pas des égarements de ma jeunesse,
mais de moi, selon ton amour, souviens-toi !

 

Le psalmiste rappelle au Seigneur ce qu'Il est, pour donner du poids à sa repentance, tout en confessant sa fragilité morale due à son jeune âge, et en sollicitant le pardon. Le Seigneur aime qu'on lui dise ces « Souviens-toi » ; le bon larron en usera et méritera la vie éternelle : « Jésus, souviens-toi de moi, quand tu viendras vers ton Royaume » (Lc 23, 42).

 

B) Bonté du Seigneur envers les pénitents

 

Teth 8 Droiture et bonté que le Seigneur,
lui qui remet dans la voie les égarés,
Iod
9 qui dirige les humbles dans la justice,
qui enseigne aux malheureux sa voie.
Caph
10 Tous les sentiers du Seigneur sont amour et vérité
pour qui garde son alliance et ses préceptes.

 

Célébration des bontés du Seigneur à l'égard de tout homme qui s'humilie de ses égarements. La condition pour rentrer en grâce : adopter sincèrement les sentiments des pauvres du Seigneur. Il faut faire une humble profession de soumission et d'obéissance. « Tout concourt au bien de ceux qui aiment Dieu » (Rm 8, 28), car Lui est fidèle à l'alliance.

 

Lamed 11 À cause de ton nom, Seigneur,
pardonne mes torts, car ils sont grands.
Mem
12 Est-il un homme qui craigne le Seigneur,
il le remet dans la voie qu'il faut prendre ;
Nun
13 son âme habitera le bonheur,
sa lignée possédera la terre.

 

Le psalmiste argue de la gloire que Dieu se procure en remettant les fautes des siens. Le verset 12 condense les données précédentes et exprime la conjonction entre la volonté humaine et la grâce divine. Le verset 13 envisage la récompense du pénitent selon le principe de la rétribution temporelle.

 

Samek 14 Le secret du Seigneur est pour ceux qui le craignent,
son alliance, pour qu'ils aient la connaissance.
Aïn
15 Mes yeux sont fixés sur le Seigneur,
car il tire mes pieds du filet.

 

À ses fidèles, Dieu signale son amitié et leur ouvre les richesses de son alliance et de sa bonté. Son secret, c'est son alliance ; alliance qui s'assimile à sa Parole, à son dessein, à son intimité, qui donne la connaissance et est sagesse de vie. On peut rappeler ici une partie du dialogue entre le diacre Pierre et le pape Grégoire le Grand à propos d'une prophétie fait par S. Benoît à un clerc :

 

Pierre : Cet homme, à ce que je vois, avait pénétré les secrets de la divinité [...]

 

Grégoire : Pourquoi ne connaîtrait-il pas les secrets de la divinité, celui qui garde les préceptes de la divinité, vu qu'il est écrit : Celui qui adhère au Seigneur est un seul esprit [avec lui] (1 Co 6, 7) ? [...] Les saints hommes, dans la mesure où ils sont un avec le Seigneur, n'ignorent pas la pensée du Seigneur.

 

Dialogues, Livre II, Chap. 16.

 

Le psalmiste compte sur la levée de la punition : la cessation des emprises ennemies.


C) Supplication

 

Phe 16 Tourne-toi vers moi, pitié pour moi,
solitaire et malheureux que je suis.
Sade
17 Desserre l'angoisse de mon cœur,
hors de mes tourments tire-moi.
Res
18 Vois mon malheur et ma peine,
efface tous mes égarements.

 

Demande des cessations de l'angoisse résultant des agissements ennemis en raison de sa confession. Le Seigneur doit s'apitoyer. Il faut que cesse la torture de son âme due aux ennemis et à la mauvaise conscience. On retrouve ici le thème déprécatoire du début à la deuxième personne.

 

Res 19 Vois mes ennemis qui foisonnent,
de quelle haine violente ils me haïssent.
Sin
20 Garde mon âme, délivre-moi,
point de honte pour moi: tu es mon abri.
Tau
21 Qu'intégrité et droiture me protègent,
j'espère en toi, Seigneur.

 

Insistance, maintenant que la faute est jugée et pardonnée, contre les adversaires. Le psalmiste invoque son aveu sincère comme droit au pardon et à l'assistance divine.

 

22 Rachète Israël, ô Dieu,
de toutes ses angoisses.

 

Appendice ajouté par la liturgie pour transformer la prière individuelle en supplication collective pour Israël coupable, puni, mais repentant. L'aveu des défaillances et la conformité aux volontés divines sont des moyens infaillibles de plaire à Dieu.

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