COMMENTAIRE DU PSAUME 24

Introduction

 

Les psaumes 15 à 24 forment une unité construite en chiasme. Le Ps 15 correspond au Ps 24 : tous deux fixent les conditions requises pour habiter la demeure divine :

 

Seigneur, qui séjournera sous ta tente ?
Qui résidera sur ta montagne sainte ?
Ps 15, 1

 

Qui montera sur la montagne du Seigneur ?
Et qui se tiendra dans son lieu saint ?
Ps 24, 3

 

À la fin du Ps 23, le psalmiste souhaitait demeurer dans la Maison du Seigneur (Ps 23, 6) ; le Ps 24 énumère les conditions de ce séjour : l'innocence, la fidélité, le goût de la vérité, l'absence de fraude. Il s'agit d'une morale du cœur.

 

Hymne de pèlerinage au sanctuaire vraisemblablement réalisé par les liturgistes du Temple avec trois fragments de chants indépendants :

 

  1. En procession : v. 1 à 6 :

 

  • v. 1 à 2 : Genre des psaumes royaux qui exaltent le Créateur de l'univers et le Seigneur des hommes.

 

  • v. 3 à 6 : Chant liturgique destiné à rappeler aux Israélites que Dieu agrée seulement les actes cultuels de ceux qui ont une excellente conduite morale.

 

  1. À l'entrée des parvis sacrés : v. 7 à 10 :

 

  • Hymne triomphal sous forme dialoguée qui utilise stique, distique, tristique (trois modes ordinaires de la versification hébraïque) et qui fut sans doute chanté pour accompagner le retour de l'Arche à Jérusalem après une campagne victorieuse (2 S 5, 5-9 ; 6, 12-19).

 

Commentaire

 

1 Psaume. De David.
Au Seigneur la Terre et sa plénitude,

le monde et tout son peuplement ;
2
c'est lui qui l'a fondée sur les mers,
et sur les fleuves l'a fixée.

 

Acclamation au Maître de la Terre, de tout ce qu'elle contient et surtout des hommes. Selon la cosmologie du temps, Dieu a repoussé les eaux pour établir la terre ferme. Rappel de la majesté divine, de sa grandeur, de sa puissance, de sa royauté sur la Terre.

 

3 Qui montera sur la montagne du Seigneur ?
Et qui se tiendra dans son lieu saint ?
4
L'homme aux mains nettes, au cœur pur :
son âme ne se porte pas vers des riens,
il ne jure pas pour tromper.

 

Dieu a aussi établi sa demeure sur Terre, où l'homme peut le rencontrer. Mais la perfection morale est requise pour s'approcher de sa Majesté. Il faut être intègre dans ses actes et sa conscience, se garder des idoles et chercher la vérité. Le bien doit l'emporter sur le mal, comme l'ordre cosmique l'a emporté sur le chaos.

5 Il emportera la bénédiction du Seigneur
et la justice du Dieu de son salut.
6
C'est la race de ceux qui Le cherchent,
qui recherchent ta face, [Dieu de] Jacob. sélah

 

Le juste est le seul qui tirera un profit spirituel de sa démarche, avec en plus une assurance de vie et de prospérité. C'est le privilège de ceux qui cherchent le vrai Dieu. La fidélité aux impératifs de l'Alliance est récompensée par la bénédiction divine : « Tout concourt au bien de ceux qui aiment Dieu » (Rm 8, 28). « Justice » est ici synonyme de « bénédiction », de « justification ». Dieu rend justice en bénissant celui qui est fidèle.

 

« Jacob » : plusieurs interprétations possibles : 1) ceux qui Le cherchent, c'est Jacob (apposition) ; 2) ceux qui recherchent Jacob (apostrophe) : l'humanité recherche Dieu en se tournant vers le peuple qui Le sert : le Seigneur, salué au verset 1 comme le Créateur et Seigneur de l'univers, est aussi celui qui assure par son peuple le salut aux nations.

 

L'expression « rechercher la face du Seigneur » s'origine dans le style de cour oriental où « rechercher la face du roi » exprimait le désir d'être admis en sa présence (Pr 29, 26 ; 1 R 10, 24). Elle en vient à désigner la visite au Temple où le fidèle allait consulter le Seigneur (2 S 21, 1 ; Os 5, 15). Ici, elle signifie aussi se comporter selon ce qu'exige cette entrée au Temple.

 

7 Portes, levez vos frontons,
élevez-vous, portails antiques [éternels],
qu'il entre, le roi de [la] gloire !

 

Apostrophe aux portes – de la cité de Salem ou du Tabernacle – qui marque la solennité. Acclamation du retour du Seigneur dans son Temple (v. 7-10). En pratiquant la Loi, Israël adhère à l'ordre du monde que le Seigneur a établi sur terre et dans le ciel. Il est porteur de son Dieu, participe de sa gloire, et par lui, avec lui et en lui, peut accéder au Temple.

 

8 Qui est-il, ce roi de gloire ?
C'est le Seigneur, le fort, le vaillant,
le Seigneur, le vaillant des combats.

 

Ce sont les portes qui sont censées questionner (Is 14, 31). V. 8bc : Chant de victoire au retour d'une bataille. Le Seigneur est acclamé comme le Rédempteur (2 S 6 ; 1 Ch 13, 6). Le Fort, le Vaillant : le Maître des puissances cosmiques et célestes ; le Vaillant des combats : le chef des armées d'Israël. Le Seigneur est vainqueur du mal. Il l'a été dès l'origine en remportant la victoire sur les forces du chaos. Il l'est encore en faisant triompher son peuple sur l'emprise du mal.

 

9 Portes, levez vos frontons,
élevez-vous, portails antiques,
qu'il entre, le roi de gloire !

10 Qui est-il, ce roi de gloire ?
Le Seigneur des armées,
c'est lui, le roi de gloire.

 

Répétition et donc insistance. Ce passage a été entendu de l'Ascension du Christ par les Pères.